Concurrence des réseaux et tensions catégorielles : les professeurs des « enseignements intermédiaires » entre les deux guerres
Résumé
L’enseignement primaire supérieur, constitué des écoles primaires supérieures et des cours complémentaires, et l’enseignement technique moyen, constitué notamment des écoles pratiques de commerce et d’industrie et des écoles nationales professionnelles, relèvent de ce que Jean-Michel Chapoulie a appelé les « enseignements intermédiaires », qui recrutent dans les mêmes milieux, les bons élèves des écoles primaires élémentaires, issus souvent des classes populaires ou moyennes inférieures. Ce secteur est constitué comme un marché, dans lequel se joue une double concurrence : entre primaire supérieur et enseignement technique d’une part, au sein même de ces filières, et notamment au sein du primaire supérieur d’autre part. Entre les deux guerres, la rivalité institutionnelle entre l’enseignement technique et l’enseignement primaire supérieur se prolonge au niveau des enseignants eux-mêmes et suscite une série de tensions entre les organisations corporatives respectives de ces enseignants. Cependant, l’enseignement primaire supérieur est lui-même affecté par des rivalités catégorielles. Celles-ci témoignent d’un souci de distinction qui n’est donc pas propre à l’enseignement secondaire. Ces analyses permettre de mieux comprendre la difficulté de mettre en place l’École unique, par-delà le conflit bien connu opposant les « primaires » aux « secondaires ».