UN ART DE l'ENFANCE. Lyotard et l'éducation
Résumé
La Condition postmoderne, que J.-F. Lyotard publie en 1979, est assurément prémonitoire des mutations qui affectent de nos jours les institutions éducatives. La fin « des grands récits », qui légitimaient auparavant la production et la transmission du savoir, invite à chercher ce qui reste désormais pour donner sens à l’éducation. C’est aussi à ceci que répond l’œuvre lyotardienne : l’état d’enfance, la faiblesse de celui qui ne sait pas encore, et qui n’a pour seul recours que la propre faiblesse des langages. Cette double faiblesse articule « l’in-humain », à savoir une résistance à l’inhumanité de la performance productiviste qui réduit les langages à une efficience communicationnelle du plus bas niveau. Rappeler cet état d’enfance, condition de la pensée et de l’apprentissage : tel est ce dont ne cessent de témoigner les arts, l’écriture littéraire ou philosophique, et tel pourrait être ce que toute éducation ne saurait oublier.