Changes in politics and new forms of legitimacy : Ethnography of the contemporary issues of the electoral conflict in San Sebastián Tutla (Mexico)
Mutations du politique et nouvelles formes de légitimités : Ethnographie des enjeux contemporains du conflit électoral de San Sebastian Tutla (Mexique).
Résumé
In San Sebastián Tutla, in southern Mexico, a few kilometers from the capital of the state of Oaxaca, the voice is up to the people – it seems. Behind the stated objectives in Mexico of strengthening the unity of the nation, real issues of power emerge and revolve around the reform of the local electoral law of 1995, allowing local communities to choose their voting method and procedures. related according to their "habits and customs". In the vast majority of municipalities in the state (417 of the 570 municipalities), communities now have the right to elect their representatives and to govern according to their “own local customs”. The mention of “ways and customs” in the constitutional reform was thus intended to highlight community practices and to favor populations that had been marginalized for too long, while being part of the movement of multiculturalist policies. Here again, these dynamics reveal multiple strategies of local political actors. The exclusion of the “last-comers” therefore appears as an inevitable implicit in this process. The latter are easily identifiable: they are the inhabitants of the low-rent neighborhood called "El Rosario", created in 1980 on municipal territory but located several kilometers from the center of the town. This silencing is a corollary of the way in which the discourse of the authorities favors and encourages the practices of the "Zapotec natives", customs transmitted from generation to generation, exclusively orally, and which are presented as not being able to be "learned". ". Thus, the non “originarios” (in other words, the “non Zapotecs”), wherever they live in the municipality, cannot set themselves up as full citizens – an exclusion that brings together ethnic and social issues . A real invisibilization of a part of the population that is nevertheless numerically the majority is thus practiced by the members of the government of San Sebastián Tutla and by the inhabitants of the capital, considered as the legitimate citizens of the community. The activation of unifying myths, the creation of a collective memory and certain political practices (votes by a show of hands in the public square, the maintenance of power in the hands of a few leaders, etc.) and the reproduction of these inequalities thus make it possible to "shut up" and maintain the illusion of community consensus.
À San Sebastián Tutla, dans le sud du Mexique, à quelques kilomètres de la capitale de l’État d’Oaxaca, la parole est au peuple – paraît-il. Derrière les objectifs affichés au Mexique de renforcer l’unité de la nation, de véritables enjeux de pouvoir émergent et s’articulent autour de la réforme de la loi électorale locale de 1995, permettant aux communautés locales de choisir leur mode de scrutin et les procédures afférentes selon leurs « us et coutumes ». Dans une immense majorité des municipalités de l’État (417 des 570 municipalités), les communautés ont désormais le droit d’élire leurs représentants et de gouverner selon leurs « propres coutumes locales ». La mention des « us et coutumes » dans la réforme constitutionnelle était ainsi destinée à mettre en valeur les pratiques communautaires et à favoriser des populations trop longtemps marginalisées, tout en s’inscrivant dans le mouvement des politiques multiculturalistes. Là encore, ces dynamiques révèlent de multiples stratégies d’acteurs politiques locaux. L’exclusion des « derniers-venus » apparaît dès lors comme un implicite inévitable de ce processus. Ces derniers sont facilement identifiables : il s’agit des habitants du quartier à loyers modérés appelé « El Rosario », créé en 1980 sur le territoire municipal mais situé à plusieurs kilomètres du centre de la commune. Cette mise sous silence est un corollaire de la façon dont les discours des autorités favorisent et encouragent les pratiques des « indigènes zapotèques », coutumes transmises de générations en générations, de manière exclusivement orale, et qui sont présentées comme ne pouvant pas « s’apprendre ». Ainsi, les non « originarios » (autrement dit, les « non Zapotèques »), où qu’ils vivent dans la municipalité, ne peuvent s’ériger en citoyens à part entière – une exclusion qui fait s’entrecroiser des enjeux ethniques et sociaux. Une véritable invisibilisation d’une partie pourtant numériquement majoritaire de la population est ainsi pratiquée par les membres du gouvernement de San Sebastián Tutla et par les habitants du chef-lieu, considérés comme les citoyens légitimes de la communauté. L’activation de mythes unificateurs, la création d’une mémoire collective et certaines pratiques politiques (votes à mains levées sur la place publique, le maintien du pouvoir aux mains de quelques leaders, etc.) et la reproduction de ces inégalités permettent ainsi de « faire taire » et de maintenir l’illusion d’un consensus communautaire.
Origine | Version validée par le jury (STAR) |
---|