‘Que les choses en soient venues là !’ : "Lola Montès", un retour aux sources
Résumé
Le dernier film d’Ophuls est aussi celui d’un cinéaste qui retrouve son pays natal après vingt-deux ans d’absence. Dès la fin de son exil aux Etats-Unis, Ophuls avait pourtant conçu des projets artistiques précis pour son pays d’origine mais c’est finalement par le biais d’un film de commande, "Lola Montès", qu’il y fait son retour. Cet aspect peu examiné en raison de la prédominance des lectures esthétiques du film, mérite qu’on s’y arrête. Il ouvre l’analyse à une approche génétique qui met en évidence la façon dont Ophuls s’est approprié un matériau qui lui était a priori étranger en travaillant certains motifs qui lui sont chers. Le film développe le motif du cirque et met en place une géographie autobiographique, deux éléments qui doivent à un projet antérieur, l’adaptation de "Katharina Knie" de Carl Zuckmayer, qu’Ophuls n’a pu réaliser. Le cinéaste déploie également dans "Lola Montès" le motif du "Wandern", hérité de la littérature allemande, selon deux modalités, l’une redevable au topos romantique, l’autre à une conception goethéenne classique. Il aborde le destin de son personnage à partir d’un questionnement sur la forme que peut prendre le cours d’une existence, un thème en lien avec son propre destin d’exilé.