Le terme de « contemporain » recouvre dans les études littéraires des extensions et des significations relativement différentes de celles que mobilisent les recherches en arts visuels. Pourtant, l’usage du singulier « le contemporain », qu’il soit appliqué à l’art ou aux littératures, produit un même effet trompeur d’unification, d’universalisation et d’effacement. Cet article envisage le « contemporain » comme une construction discursive fonctionnant comme une scénographie, c’est-à-dire comme un dispositif, au sens foucaldien. Ce dispositif définit en même temps ce qui est visible et ce qui ne l’est pas, ce qui constitue la « scène » du contemporain et ce qui est relégué dans le « hors-scène » ou le « hors-champ ». En prenant appui sur les épistémologies critiques féministes, il propose de lever le rideau sur une partie des coulisses, d’où l’on peut observer la machinerie qui construit cette scène du contemporain en tant que telle.