De l’impact du travail collectif ‘à l’allemande’ dans la production française des années 1930
Résumé
From 1933 onwards, many German film professionals fled the Nazi regime and took refuge in France, the first country to receive them, before heading for the United States. During this first exile, they made one or more films in a weakened French industry where the employment situation was precarious. The hypothesis here is that German practices of collective work may have been imported into French cinema via these films made by emigrants from Germany. French technicians expressed their astonishment at the new methods of these filmmakers, and their testimonies echo a certain conception of the creative process as expressed in the texts and speeches of the great figures of Ufa in the 1920s and as reconstructed by certain German film historians. The "mise en scène meeting" ("Regiesitzung") thus appears as a concrete modality of this artistic collaboration from the German studios that these emigrant filmmakers tried to maintain in France.
Dès 1933, de nombreux professionnels du cinéma allemand fuient le nazisme pour se réfugier en France, premier pays d’accueil, avant pour beaucoup de rejoindre les Etats-Unis. Ils réalisent durant ce premier exil un ou plusieurs films dans une industrie française fragilisée où la situation de l’emploi est précaire. L’hypothèse ici est celle d’une possible importation au sein du cinéma français de pratiques allemandes du travail collectif via ces films réalisés par des émigrés d’Allemagne. Des techniciens français ont exprimé leur étonnement face aux méthodes nouvelles de ces cinéastes or leurs témoignages font écho à une certaine conception du processus créatif telle qu’elle s’exprime dans les textes et discours de grandes figures de la Ufa dans les années 1920 et telle qu’elle est restituée par certains historiens allemands du cinéma. La « réunion de mise en scène » ("Regiesitzung") apparaît ainsi comme une modalité concrète de cette collaboration artistique issue des studios allemands que ces cinéastes émigrés tentent de maintenir en France.