Navigation et commerce dans le delta du Rhône durant l’Antiquité : bilan des recherches sur le port fluvial d’Arles et ses avant-ports maritimes
Résumé
Les recherches subaquatiques récentes menées par le DRASSM dans le Rhône à Arles et au large de la Camargue face aux Saintes-Maries-de-la-Mer apportent des informations nouvelles sur le fonctionnement du système portuaire arlésien. Ces données concernent tout d'abord un vaste espace situé à l'embouchure de l'ancien Rhône de Saint-Ferréol, où se trouvait très probablement l'un des avant-ports maritimes principaux -avec Fos-sur-Mer -de la cité d'Arles. Dans ce secteur aujourd'hui submergé, l'étude d'une trentaine d'épaves romaines, échouées principalement au I er s. ap. J.-C., a permis de restituer le paléorivage, dont le tracé présente une forme à peu près circulaire. L'exploration sous-marine de ce vaste lobe d'embouchure ouvert sur la mer a livré des ancres antiques qui attestent l'existence d'une zone de mouillage et de circulation. De plus, la découverte de blocs de calcaire dispersés signale vraisemblablement la présence d'édifices. Ces différents éléments sont associés à un très riche dépotoir portuaire constitué principalement d'amphores et de céramiques, qui soulignent l'ampleur des échanges commerciaux dans cette zone et montrent que ce site fonctionne sans discontinuité entre le VI e s. av. J.-C. et le VI e s. ap. J.-C. D'autre part, l'étude des épaves en Camargue et dans le lit du Rhône à Arles enrichit notre connaissance des navires impliqués dans l'organisation des trafics commerciaux, au sein d'un vaste espace nautique situé à la charnière entre la navigation maritime et la distribution fluviale des denrées. Devant les Saintes-Maries-de-la-Mer, un groupe varié d'épaves comprend d'abord des navires hauturiers, à fort tirant-d'eau, dont les plus grands restaient au mouillage vraisemblablement dans le lobe d'embouchure. Il s'agit ensuite de caboteurs maritimes dotés d'une quille mais à fond relativement plat, qui pouvaient emprunter les étangs et franchir la passe d'embouchure. Près d'une douzaine d'épaves antiques marquent ensuite, sur la rive droite du Rhône à Arles, la spécificité d'une zone de rupture de charge et de redistribution des marchandises. Elles se déclinent en plusieurs groupes incluant des navires maritimes de petit tonnage, des embarcations fluvio-maritimes et des chalands à fond plat typiquement fluviaux. Ces épaves sont incluses dans de grands dépotoirs qui révèlent l'ampleur et la richesse des activités commerciales qui se déroulaient à Arles sur la rive droite du Rhône. C'est en effet là que prenait place le principal port fluvial de la ville, entre la fin de la République et l'Antiquité tardive. Les très riches ensembles de mobiliers issus des fouilles conduites sur ces dépotoirs livrent de nombreuses informations nouvelles sur la vie matérielle et les échanges commerciaux dans l'un des plus grands ports de l'Empire.
Domaines
Archéologie et Préhistoire
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L. Long, G. Duperron, Navigation et commerce dans le delta du Rhône..., 2016.pdf (2.16 Mo)
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