The frontier between bilād al-islām and bilād al-Nūba: issues and ambiguities of fixed boundary (seventh-twelfth century)
La frontière entre le bilād al-islām et le bilād al-Nūba : enjeux et ambiguïtés d’une frontière immobile (VIIe-XIIe siècle)
Résumé
Le bilād al-Nūba occupe dans la nomenclature juridique et idéologique arabo-musulmane une position particulière. L’échec de la conquête de la Nubie au viie siècle a débouché sur la signature d’un traité de paix unique qui a fait de cet espace un territoire à part. Ces spécificités ne resteront pas sans effet sur l’appréhension de la frontière qui sépare les pays d’Islam de la Nubie. S’efforçant de définir la limite du bilād al-islām, les géographes arabes semblent unanimes à désigner Assouan comme la dernière ville frontière de l’islam chargée de défendre l’Égypte de l’ennemi latent que demeure, malgré la paix, le pays des Nubiens. Néanmoins, en examinant plus attentivement ces témoignages, ce dispositif frontalier se révèle en réalité plus complexe. Il se structure autour d’un élément naturel, la première cataracte, qui, loin de constituer la barrière infranchissable que certains de ces auteurs souhaiteraient y voir, forme plutôt un espace de transition entre ces deux mondes. Or, c’est justement en tirant parti des porosités de cette frontière que l’islam parvient, sans que cette démarcation soit véritablement remise en question, à étendre son influence bien au-delà de celle-ci.