Emir in Aswan, Ruler in Dongola. Struggles for Power and Family Dynamics Surrounding the Nubian Reign of Kanz al-Dawla, Abū ʿAbd Allāh Muḥammad
Émir à Assouan, souverain à Dongola
Résumé
Upon acceding to the throne of Dongola in 1317, the Kanz al-Dawla Abū ʿAbd Allāh Muḥammad, emir of the Banū al-Kanz tribe of Aswan, became the first officially recognized Muslim ruler of the Nubian kingdom of Dotawo. This article proposes to return to this little-known reign in the light of recent developments in historiography and on the basis of a partly renewed documentation. These advances now make it possible to gain a better understanding of the family dynamics at play in the ascension of this emir who became king, in a context of internal rivalries and interference by the sultans of Cairo in Nubian dynastic quarrels. The limited evidence relating to this reign also gives us a glimpse of the way in which this newly established Muslim power exerted its authority and provides information on the evolution of its relations with the Mamluk sultanate. Although the reign of the Kanz al-Dawla was long perceived as a pivotal event marking the end of the Christian monarchy in Nubia, this rupture should finally be put into perspective: Abū ʿAbd Allāh Muḥammad was not, as was once claimed, the founder of a “kanzī dynasty,” nor did his ascension lead to the irremediable Islamization of the Christian monarchy, which was reestablished in 1331 at the latest.
En accédant au trône de Dongola en 1317, le Kanz al-Dawla Abū ʿAbd Allāh Muḥammad, émir de la tribu des Banū al-Kanz d’Assouan, devient le premier souverain musulman officiellement reconnu du royaume nubien de Dotawo. Cet article propose de revenir sur ce règne méconnu à la lumière des avancées récentes de l’historiographie et en prenant appui sur une documentation en partie renouvelée. Ces progrès permettent désormais de mieux saisir les dynamiques familiales qui ont présidé à l’ascension de cet émir devenu roi, dans un contexte de rivalités internes et d’ingérence des sultans du Caire dans les querelles dynastiques nubiennes. Les rares témoignages relatifs à ce règne laissent aussi entrevoir les modalités d’exercice de ce nouveau pouvoir musulman installé en plein cœur du royaume chrétien et nous renseignent sur l’évolution de ses relations avec le sultanat mamelouk. Bien que le règne du Kanz al-Dawla ait longtemps été perçu comme un évènement charnière marquant la fin de la royauté chrétienne en Nubie, cette rupture doit finalement être relativisée : Abū Abd Allāh Muḥammad ne fut pas, comme on a pu jadis le prétendre, le fondateur d’une « dynastie kanzī », et son ascension n’a pas non plus entraîné l’islamisation irrémédiable de la monarchie chrétienne, rétablie au plus tard en 1331.