Cet article s’interroge sur la pertinence de la formule « poète de la Résistance » pour qualifier Char dans l’immédiat après-guerre. Lui-même a refusé de publier pendant la guerre, jugeant la poésie « dérisoirement insuffisante » face à l’ennemi nazi. Il condamnera en outre assez vite « la parade des poètes de la Résistance ». Toutefois si l’on examine le choix des revues où Char publie, et les poèmes qu’il sélectionne dans les deux années qui suivent la Libération, on ne peut qu’être invité à nuancer la position qu’il affiche par ailleurs contre la poésie de la Résistance. L’image qu’il construit de lui comme poète résistant, un certain versant de son esthétique également, le placent au moins en partie de ce côté-là.