Le processus de disqualification des grèves au nom de la rhétorique du client a contribué à présenter les travailleurs et les consommateurs comme des frères ennemis : la défense des conditions de travail et d’emploi des uns se ferait au détriment de la qualité de service attendue des autres. Nous nous demanderons dans cette (brève) intervention ce que le mouvement des Gilets jaunes, que nous avons observé pendant 1,5 an dans le cadre d’une « participation-observante », apporte comme éléments à ce débat. Nous mettrons en discussion l’hypothèse selon laquelle ce mouvement est un mouvement de travailleurs (salariés, indépendants, retraités ou privés d’emploi) exerçant dans des structures où les syndicats sont absents, et de travailleurs qui ne séparent pas les usagers et consommateurs qu’ils sont également. A ce titre, leurs « pratiques protestataires » vont dans le sens de la revendication d’une condition de travailleur ayant droit à une « vie bonne ».