Les mines romaines du Puy-d'Argentière à Blot-l'Église (63 – Auvergne-Rhône-Alpes). Rapport d'opération de prospection thématique 2017. Programme : 25 – Histoire des techniques, de la Protohistoire au XVIIIe s. et archéologie industrielle
Résumé
Le secteur sud-est de la commune de Blot est lié à l'exploitation du minerai de plomb-argentifère. La zone est située à 2 km au sud-est du bourg de Blot-l'Église, sur le flanc sud du Puy d'Argentière. Les traces laissées par l'exploitation minière romaine sont actuellement visibles sur les parcelles 6 et 7 (feuille 000 ZM 01 – Commune Blotl-'Église). Sur place, le terril est très mince, la couche de haldes est entièrement étalée sur une épaisseur moyenne de 20 à 40 cm au mieux. Les galeries sont creusées dans une intrusion granitique arenisée recoupant les gneiss. En surface, on peut identifier quelques vestiges matériels épars, très fragiles. On constate à travers l'examen des sources que les connaissances sur l'existence de travaux miniers romains à Blot-l'Église et Chateauneuf-les-Bains n'ont pas été renouvelées depuis près de 60 ans. Ces informations sont en partie exploitées mais rarement complétées par de nouveaux éléments qui préciseraient le type d'activité associée à l'exploitation des mines de Blot. Le secteur minier de Blot-l’Église / Châteauneuf-les-Bains doit être pris en considération comme une zone d’exploitation antique des Combrailles et plus largement de l’Auvergne à ne pas négliger. Pour la période romaine, la zone nord-est des Combrailles montre un nombre conséquent de sites où les minières romaines ont été prospectées et fouillées. Les mines de galène argentifère du district de Pontgibaud font preuve d'une importante activité minière et métallurgique depuis la période romaine (Marconnet 2002 : 134). Les gisements exploités encore apparents sur les communes de Chateauneuf-les-Bains, t Blot-l'Église appartiendrait à la branche septentrionale du faisceau de filons minéralisés du district minier de Pontgibaud. Les auteurs de l'ouvrage « Géologie et minéralogie Histoire des mines » révèlent les raisons essentielles à l'exploitation intensive des gisements de galène argentifère : « Ce sulfure de plomb (PbS) s'est avéré, au cours des travaux, présenter des teneurs de 2,5 à 5,5 kilogrammes d'argent par tonne de plomb » (Lavina et Ricard 1995 : 19), l'argent devait donc être également la richesse exploitée. Les résultats de la prospection thématique réalisée cette année sur la commune de Blot-l'Église confortent l'hypothèse d'une occupation essentiellement gallo-romaine sur la zone du Puy d'Argentière. Les résultats des prospections pédestres apportent des précisions sur l'emplacement d'un bâtiment compartimenté, construit en dur, de taille importante au sommet des mines romaines (750 m²). L'ensemble prend la forme d'une construction munie d'au moins une pièce chauffée par hypocauste, installée entre deux profondes tranchées d'exploitation, soit en contact direct avec les mines. La prospection pédestre a également permis de mettre au jour des résidus de la métallurgie du fer et plus précisément d'une phase de postréduction. L’ensemble de scories exhumées au « Puy d’Argentière » évoque donc une activité de forge liée à l’entretien d’outils ou à la fabrication de petits objets. Des sondages ont également été réalisés sur les mines du Puy d'Argentière (Delhoofs, Calbris à paraître). Ceux-ci ont fait l'objet de relevés en 30 points différents afin de matérialiser un long transect médian (est-ouest). Parmi les 30 sondages, trois fenêtres se sont révélés positives (habitation, fosses liées à l'activité de la mine). Un autre objectif de l'opération de 2017 a été de produire un relevé orthophotographique complet des mines antiques du Puy d'Argentière. Ce type de relevé microtopographique a aussi permis de reconnaître de nombreuses anomalies de terrain en surface des mines et a ainsi permis d'orienter nos recherches sur le terrain. Ces prospections permettent de mettre en évidence les nombreuses dégradations sur le secteur minier. Un périmètre de protection de la zone d'intérêt archéologique pourrait être mis en place dans le cadre d'une collaboration entre la municipalité de Blot et le Service régional de l'Archéologie d'Auvergne. La mise en place d'un bâtiment à la fonction domestique et également à vocation "minière" en parallèle à la zone d'habitats des Terres Noires, permet de préciser la configuration du paysage antique de Blot. On peut alors émettre l'hypothèse que le bâtiment romain installé dans la partie sommitale de l'exploitation devait avoir un rôle centrale dans l'organisation de l'exploitation (résidence du gestionnaire de la mine, administration et locaux, réservoirs pour le lessivage du sol, etc). La découverte d'une unité de production de taille considérable et évoquant l'agencement d'une construction romaine au sommet des mines antiques peut donc s'avérer essentielle dans la spécification du site puisqu'elle orienterait sur une forme d'exploitation et de gestion des mines davantage hiérarchisée. Les mines du Puy d'Argentière et des Viviers matérialiseraient un pôle d'extraction et de grillage du minerai afin d'en extraire les sulfures d'arsenic (cf. études de sols Dréal), tandis que site des « Terres Noires » serait à la fois occupé par des ateliers de traitement du minerai et par une vaste zone d'habitat.