Être bourgeois dans le vignoble du Jura au XIXè siècle - Université Lumière Lyon 2 Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

Bourgeois existence in the in 19th-century wine-growing Jura

Être bourgeois dans le vignoble du Jura au XIXè siècle

Résumé

France was still largely a rural country in the 19th century, yet historiography seems to have favoured a thorough study of the bourgeoisie in towns while neglecting to turn its attention to the bourgeoisie in villages. Drawing on public archives, private sources and extensive correspondence, this research seeks to draw together all aspects of bourgeois family life as lived year-round in the countryside. More than a social grouping of the middle class, the rural bourgeoisie can be defined through its position at the heart of rural communities over an extended period of time, in continuity with the social order of the 18th century. “To be bourgeois” strongly implies prosperity and in most cases the ownership of land and property. The notion of work may be essential to a definition of the city bourgeois, but makes less sense in villages where the range of available professions is limited. On the other hand, correspondence reveals the active nature of life for the ladies of the rural bourgeoisie, reaching well beyond the domestic sphere. Life in the countryside engenders a type of bourgeois who is close to his land and to nature. Daily life follows the rhythm of farming, tending the vines, managing the estate, trading wine, animal husbandry and local fairs. Village bourgeois are confronted with the brutality of their rural surroundings: the body and the senses are put to the test. This study explores the history of experience of noises, smells, the cold, local travel and longer journeys, the passage of time and the handling of a pervasive environment.The family home takes on particular importance as a symbol of the village bourgeois' value and prestige. It is a stage on which the family's position and heredity are played out. The implied lifestyle within is one assisted by servants, with whom close yet distant relationships exist. In the countryside, bourgeois ladies and gentlemen differ from their urban counterparts in their uninhibited discussion of many subjects relating to hygiene, intimacy, sexuality. We will explore their use of outward appearance to project a certain image, their nuanced attitudes towards religion, their enjoyment of free time often in contrast to gender stereotypes, their mealtime rituals and their political engagements. Each phase of a rural bourgeois' life will be portrayed, from childhood to death, from education to the making of a marriage, from health to old age. We shall also investigate the bourgeois' relationship with others, in a wine-growing area where the extremely poor as well as with the landed aristocracy can be encountered. His social circle is wider than that of the urban bourgeois, because of his relative isolation in the country, and stretches far beyond the bourgeoisie to encompass his rural neighbours. This study concentrates particularly on the psychology of the bourgeois’ relationship with others. Conditioned as he is to be at ease in any social situation, he is able to operate on many different levels and create his own ecosystem.Following the collapse in land revenue and the outbreak of the phylloxera blight, by 1880 the rural bourgeoisie, more concerned with the past than the future, had all but disappeared. A new bourgeoisie came to replace them in the villages. A quite unexpected vocabulary emerges from the correspondence, revealing a particular semantic apparatus and offering detailed insights into many aspects of rural bourgeois life in the 19th century wine-growing Jura.
Alors que la France est largement rurale au XIXe siècle, l’historiographie a négligé l’observation de la bourgeoisie des villages qui se distingue d’une bourgeoisie des villes amplement explorée. A partir de sources publiques et privées, et particulièrement plusieurs fonds importants de correspondances, cette recherche permet d’approcher toutes les facettes de la famille bourgeoise qui vit à l’année à la campagne. Plus que par son appartenance à un groupe social, c’est par sa position au sein de la société rurale que se définit le bourgeois rural, dans un temps long et selon un ordre social en continuité avec le XVIIIe siècle. « Être bourgeois » implique avant tout un avoir bourgeois et se confond souvent par « être propriétaire ». La notion de travail pour les hommes, essentielle dans la définition du bourgeois urbain, est nuancée pour le bourgeois rural car l’éventail de professions à sa disposition au village est réduit. En revanche, les correspondances révèlent des femmes bourgeoises actives, et pas seulement dans la sphère domestique.La vie à la campagne induit un type de bourgeois proche de ses terres et de la nature. Les cultures, les vignes, les fermages, les ventes de vins, les animaux de la ferme et les foires régissent le quotidien. Les bourgeois des villages sont confrontés à la brutalité de l’univers rural qui les entoure : les corps sont mis à l’épreuve, tout autant que les sens. L’histoire du ressenti aux bruits, aux odeurs, au froid, aux déplacements, aux voyages, au temps et à la maîtrise d’un environnement prégnant est ici abordée. La maison de famille prend une valeur symbolique et de prestige pour la bourgeoisie de village. Sa mise en scène reflète la position et l’ancrage héréditaire, et indique un mode de vie facilité par des domestiques à la fois proches et distants. A la campagne, les bourgeois hommes et femmes se distinguent de leurs contemporains citadins et évoquent sans tabou de nombreux sujets liés à l’hygiène, à l’intimité, à la sexualité. L’image qu’ils souhaitent projeter dans leur apparence, leur attitude pondérée vis-à-vis de la religion, l’emploi de leur temps libre souvent loin des stéréotypes genrés, les rites de la table, leur engagement politique sont autant de thèmes approfondis. De sa petite enfance à sa mort, en passant par son éducation, la construction de son mariage, sa santé et sa vieillesse, chaque phase de la vie du bourgeois rural est décrite. Sa relation aux autres est tout autant interrogée. Dans une région viticole mêlant toutes les strates de la société rurale, il compose aussi bien avec la pauvreté extrême qu’avec l’aristocratie foncière. Du fait de son relatif isolement à la campagne, une particularité que ne connaît pas le bourgeois urbain, sa sociabilité est large. Elle dépasse grandement le cercle bourgeois et s’oriente sur son voisinage rural. Cette étude s’attarde sur la psychologie du bourgeois dans son rapport à l’autre. Parce qu’il est conditionné à être à l’aise dans la relation sociale, il est capable de gérer plusieurs strates de relations et se crée son propre écosystème.La chute de la rente de la terre, associée au désastre du phylloxéra, entraîne dès 1880 la quasi-disparition d’une bourgeoisie rurale plus tournée vers le passé que vers le futur. Elle est remplacée au village par de nouvelles familles bourgeoises. Un champ lexical inattendu découvert dans les courriers et la sémantique sui generis qui en découle permettent à chaque étape une analyse fine, au plus près du bourgeois rural dans le vignoble du Jura au XIXe siècle.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-03609531 , version 1 (15-03-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03609531 , version 1

Citer

Olivier Borgeaud. Être bourgeois dans le vignoble du Jura au XIXè siècle. Histoire. Université de Lyon, 2021. Français. ⟨NNT : 2021LYSE2062⟩. ⟨tel-03609531⟩
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