Le caractère crucial de l’inceste dans l’actualité judiciaire du XXIe siècle et l’énormité de la bibliographie sur l’inceste en provenance des anthropologues, des psychiatres, des psychosociologues, contrastent avec la part extrêmement étroite que les juristes, en général, les historiens du droit et de la justice, en particulier, ont pris à l’effervescence théorique et médiatique sur cette question. La volonté de retrouver dans les archives judiciaires du Parlement de Paris, pour la première moitié du XVIIIe siècle, les traces des procès pour inceste, donne l’occasion d’une nouvelle expérience d’entrée par le biais des archives du parquet. Même assorties de prudentes réserves méthodologiques, les conclusions n’en illustrent pas moins la difficulté de la justice ancienne à réprimer des déviances morales pourtant frappées d’une lourde condamnation de principe. Etude réalisée pour le séminaire transversal 2010-2012 lors de mon entrée à l'Institut d'Histoire de la Pensée Classique (ENS de Lyon, Université Clermont-Ferrand 2, Université de Saint-Etienne et Université Lyon 2) à l'invitation des organisatrices, comme participation aux projets collectifs de ma nouvelle équipe (séance du 10 mars 2012). Le séminaire : « L’inceste : filiations, transgressions, identités (XVIe-XVIIIe siècle) », était organisé par Christelle Bahier-Porte et Catherine Volpilhac-Auger, soucieuses d'ajouter à leur point de vue initial, littéraire, le regard du droit (Pr. Jean Bart) et de la justice d'Ancien Régime sur cette question qui était passée récemment, et tristement, sur le devant de la rampe médiatique. J'ai proposé de tenter une évaluation précise de la réalité judiciaire de la répression de l'inceste par le Parlement de Paris, au début du XVIIIe siècle, à partir d'une analyse entièrement nouvelle des archives du procureur général du roi au Parlement, en particulier ses requêtes.