Communication Dans Un Congrès Année : 2024

« ‘CommUnity’ ? Ou : "les murs renversés" peuvent-ils "devenir des ponts" ? Poétiques diasporiques de "ré-vision" et "désorientation" de la " (ré)unification" nationale dans les écrits des afro-féministes allemandes »

Marie-Pierre Harder

Résumé

En prenant pour point de départ la chute réelle d’un Mur – celui de Berlin – régulièrement interprétée si ce n’est comme une « fin de l’histoire » du moins comme la (ré)intronisation d’une Allemagne et, avec elle, d’une Europe, « ré-unifiées » en centres renouvelés de la mondialité, cette communication aimerait se demander, en li(s)ant le titre ironique d’un poème de l’autrice afro-allemande May Ayim (1960-1996) avec une célèbre citation de la militante africaine-américaine Angela Davis, dans quelle mesure ce « mur renversé » a pu – ou non – devenir « pont », pour ouvrir la voix/voie à une nouvelle ‘comm-UN-auté’ non seulement nationale et européenne, mais aussi poétique et littéraire. Dans ce « moment de danger » (W. Benjamin), où l’histoire allemande prétend se réécrire sur une page blanche – dans tous les sens du terme, au sein d’un espace public et littéraire qui revendique de « tirer un trait » sur le passé nazi pour mieux retrouver une place centrale sur la scène mondiale, les productions des féministes afro-allemandes, réunies, tout d’abord, autour de l’anthologie Farbe bekennen (« annoncer la couleur »), co-éditée par May Ayim en 1986, permettent d’explorer les diverses formes à travers lesquelles elles ont, à l’époque et depuis lors, contribué à écrire à une (contre-)histoire et (contre-)mémoire intersectionnelle et transnationale de l’Allemagne et de l’Europe, dans le contexte de la « réunification » -- et de la nouvelle « communauté » nationale et européenne dont celle-ci « annonçait la couleur ». À travers une analyse comparatiste de leurs publications, à la fois plurigénériques, intertextuelles et polyphoniques, du positionnement « marginal » (bell hooks) de leur prise de parole, mais aussi de leur inscription dans des communautés, mémoires et imaginaires diasporiques queer (Fatima El-Tayeb), avec lesquels leurs écrits tissent des ponts transnationaux, l’on peut mettre au jour les stratégies poétiques par lesquelles leurs écrits ont travaillé à « ré-viser » (Adrienne Rich) et « désorienter » (Sara Ahmed) les récits straight (linéaires, monologiques et monoculturels) d’unité national(ist)e qui se manifestent alors sous la forme hégémonique d’un happy end historique et narratif. En (d)écrivant leurs expériences diasporiques au cœur d’une nation qui se redéfinissait selon des frontières de race, de classe, de genre et de sexualité de plus en plus univoques, leurs écrits, encore largement minorisés, ont permis de diversement poétiser et politiser l’inscription de l’histoire et de la mémoire allemandes et européennes dans une mondialité pensée de manière à la fois critique et oblique – ou, si l’on veut : queer
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04890014 , version 1 (16-01-2025)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04890014 , version 1

Citer

Marie-Pierre Harder. « ‘CommUnity’ ? Ou : "les murs renversés" peuvent-ils "devenir des ponts" ? Poétiques diasporiques de "ré-vision" et "désorientation" de la " (ré)unification" nationale dans les écrits des afro-féministes allemandes ». « Littératures et Mondialisation », XLIVe Congrès de la SFLGC, Société Française de Littérature Générale et Comparée, Jun 2024, Clermont-Ferrand, Maison des Sciences de l'Homme, France. ⟨hal-04890014⟩

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