, Cette guerre escamotée, pour un représentant typique de la « fraction étroite 35 » des consentants, est une occasion manquée de se mettre complètement à l'épreuve et de se couvrir de gloire 36 : « n'ayant saisi qu'un faux cheveu, / au passage de la fortune, vol.37

, Adolphe Chéron reçu par Poincaré le 14 décembre, avec le bureau de l'Union, en rentrant de captivité, explique que « [sa] joie la plus grande aurait été de faire la guerre dans les rangs des combattants jusqu'à la victoire. Puisque cette joie m'a été refusée par le destin, et puisque je n'ai pas eu l'honneur de tomber comme tant d'autres, je fais en votre présence, monsieur le président, et devant mes amis, le voeu de consacrer mes forces à la grandeur de notre pays, Cette déception se double aussi d'un sentiment de culpabilité vis-à-vis des victimes, manifestation du « syndrome du survivant » décrit par les psychologues 38 . Ainsi

, Dans son cas, la déception devant la réalité d'une guerre longtemps fantasmée, et la propagande intense faite pendant des années en faveur d'une idéologie du sacrifice et du martyr républicain, favorisent probablement ce sentiment de culpabilité. S'y ajoute le « temps de l'amertume » propre aux prisonniers de guerre 40 , dont le retour est souvent douloureux, le captif étant suspect de lâcheté. Par exemple un de ses concurrents, Charles Cazalet, le président de la puissante fédération de gymnastique, lui adresse ce compliment empoisonné à son retour : « vous l'avez fait de loin, puisque les circonstances vous ont fait prisonnier dès le début

D. , il est enfin élu avec l'étiquette radicale en 1919, dans la quatrième circonscription de la Seine, et vient siéger à la Chambre « bleu horizon ». Il s'investit fortement dans plusieurs commissions, notamment celle de l'armée, et devient l'un des spécialistes reconnus des questions d'éducation physique. Battu aux élections de 1924, il est réélu en 1928. Il devient même l'éphémère sous-secrétaire d'État à l'Éducation physique du 26 novembre 1933 au 30 janvier 1934, ce qui marque l'aboutissement de sa carrière politique, la guerre est une consécration pour Chéron. Plusieurs fois candidats malheureux à la députation, 1902.

. «-la-france-qui-entre-en-guerre-en, est tout aussi pacifique qu'elle le sera en 1939 42 » : la formule paradoxale de B. Joly décrit parfaitement l'attitude de Chéron. Sa doctrine préparatiste, résumée par l'adage « si tu veux la paix, prépare la guerre », ne semble pas significativement changer après le conflit. Si les modalités pratiques du mouvement évoluent, 1914.

F. Rousseau, , p.354, 2018.

, Tout comme d'autres prisonniers qui tentent de s'échapper comme de Gaulle ou Jacques Rivière. Annette Becker, Oubliés de la Grande guerre : humanitaire et culture de guerre, p.127, 1914.

A. Chéron, La lyre de fer, p.85

M. Porot, A. Couadau, and M. Plénat, Le syndrome de culpabilité du survivant », Annales médico-psychologiques, vol.143, pp.256-262, 1985.

L. Soldat?, , 1919.

O. Abbal, Soldats oubliés : les prisonniers de guerre français, p.197, 2001.

L. Soldat?, , 1919.

B. Joly, L. France, ;. La-revanche, and O. , , p.347

, Ils posent d'abord la question du retour de guerre des authentiques « consentants », en offrant un observatoire privilégié de ces individus. La guerre est pour eux un aboutissement, une consécration et un moment de reconnaissance sociale, mais c'est aussi une épreuve qui provoque désillusions, Les cas des préparatistes et d'Adolphe Chéron sont donc intéressants à plusieurs égards

C. , Ces exemples montrent aussi l'absence de « démobilisation culturelle » des anciens combattants préparatistes, qui font tout leur possible pour transmettre une culture militaire, devenue expérience de guerre, aux générations suivantes. Comme un écho montrant la continuité des pratiques conscriptives sur un demi-siècle, l'Union fête son 50 e concours annuel, le 25 juin 1939, 25 ans après la mobilisation de la Grande Guerre, les conceptions politiques restent relativement stables

A. Kéchichian, Les Croix-de-feu à l'âge des fascismes : travail, famille, patrie, vol.410, p.p, 2006.

A. Chéron, La lyre de fer, p.7

L. Soldat?, , 1939.

. Aragon, Le Crève-Coeur, Gallimard, p.72, 1941.