Ce travail s’intéresse au vécu des professionnels des maisons d’enfants à caractère social (MECS), confrontés à la violence scolaire de l’adolescent confié à la Protection de l’Enfance. Il tente d’analyser les facteurs institutionnels, professionnels et subjectifs en jeu dans la perception et l’accompagnement des adolescents violents à l’école. En nous penchant sur le vécu de ces professionnels, leur expérience avec l’adolescent placé et sur leur relation avec l’école, nous interrogeons la qualité du lien éducatif dans l’émergence et l’accompagnement de la violence scolaire. À travers l’analyse d’entretiens avec des professionnels de MECS (n=16) et de récits de violences (n=14) recueillis dans ce cadre auprès d’éducateurs, nous avons pu dégager un état des lieux de la question de la violence scolaire telle qu’elle est vécue en MECS. L’analyse des entretiens et des récits sur la violence scolaire fait ressortir la fragilité du parcours et la fragilité psychique interne des adolescents placés, l’aspect répétitif de la violence sur la scène scolaire et le rapport discontinu des jeunes à l’école et aux institutions de manière générale. Outre les fragilités des adolescents, celles des professionnalités se mettent en évidence en miroir ou en réaction, à la violence du jeune, mais aussi en miroir ou en réaction, au vécu des professionnels de l’école. L’accompagnement de la violence semble avant tout lié à la perception subjective du professionnel et aux rencontres intersubjectives qui se jouent sur la scène interinstitutionnelle, entre l’école et la maison d’enfant.