L'objectif de ce projet était de poser les premières pierres d'une architecture fonctionnelle des mécanismes émotionnels. Une telle architecture consiste à décrire un système cognitif – ici le système émotionnel – en termes de différents sous-systèmes sous-tendant chacun une étape particulière du traitement de l'information. Si cette approche à été beaucoup utilisée dans les domaines de la perception visuelle et des mécanismes langagiers, par exemple, son application aux mécanismes émotionnels est totalement novatrice. Nous avons donc tenté d'identifier les sous-systèmes de cette architecture fonctionnelle émotionnelle et de spécifier leur rôle au sein de cette architecture. Pour ce faire, nous avons mené une approche interdisciplinaire, caractéristique des Sciences Cognitives, faisant appel à des travaux expérimentaux sur des participants sains, des patients cérébro-lésés, des patients schizophrènes et des patients Alzheimer. Les différentes méthodes utilisées impliquaient des paradigmes de psychologie expérimentale (études d'amorçage, paradigmes d'interférence, présentations tachistoscopiques en champ visuel divisé), la méthode de dissociation comportementale chez les patients, et des techniques d'imagerie cérébrale fonctionnelle (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle événementielle et tomographie par émission de positons). L'ensemble de ces travaux nous permet de conclure à l'existence de sous-systèmes distincts pour le traitement des stimuli à valence positive et à valence négative, cette distinction pouvant se manifester à différents niveaux du système cognitif émotionnel. De plus, nos résultats suggèrent qu'un traitement de la composante émotionnelle d'un stimulus ne sollicite pas les mêmes sous-systèmes fonctionnels dans le cas d'un traitement volontaire ou délibéré que dans le cas d'un traitement automatique ou compulsif de cette composante.