Feminine Sympathy, Political Solidarities and the Social Question in Staël and Charrière
Identifications féminines, solidarités politiques et question sociale chez Staël et Charrière
Abstract
Focusing on defining the political form that female solidarity could take at the end of the 18th century, this paper analyzes two speeches: that of Germaine de Staël sympathizing with the fate of Marie-Antoinette, the deposed queen, and that of Isabelle de Charrière expressing her indignation at the treatment inflicted on Thérèse Levasseur, Rousseau's wife. The comparison of these two forms of public commitment makes it possible to show the inseparability between the reflection on the condition of women and that on the social condition. The feminine enunciation of oneself, the claim of an impartial solidarity, the commitment to a feminist cause and the constitution of a feminine collective subject through the expression of its solidarity are the remarkable aspects that justify the comparison of these two texts, but also highlight their distinct implications of inclusiveness and exclusiveness, which are cut across by the social question. In these two forms of solidarity may be read two distinct approaches to Rousseau’s legacy.
S’attachant à définir la forme politique que la solidarité féminine peut prendre à la fin du 18e siècle, cette contribution analyse deux discours : celui de Germaine de Staël compatissant avec le sort réservé à Marie-Antoinette, la reine déchue, et celui d’Isabelle de Charrière exprimant son indignation face au traitement infligé à Thérèse Levasseur, la femme de Rousseau. La comparaison de ces deux formes d’engagement public permet de montrer l’indissociabilité entre la réflexion sur la condition féminine et celle sur la condition sociale. L’énonciation féminine de soi, la revendication d’une solidarité impartiale, l’engagement dans une cause féministe et la constitution d’un sujet collectif féminin par l’expression de sa solidarité sont les aspects remarquables qui justifient le rapprochement de ces deux textes, mais font aussi émerger ce qui les sépare dans les rapports d’inclusion et d’exclusion qu’ils impliquent, traversés par la question sociale. Dans ces deux formes de solidarité se jouent alors deux manières d’assumer l’héritage de Rousseau.