Making the Alps Intelligible : Cartographic and Landscape Representations of Mountain Territories at the Time of Jean de Beins (c. 1580 - c. 1630)
Rendre les Alpes intelligibles : Figurations cartographiques et paysagères des territoires de montagne au temps de Jean de Beins (v. 1580 - v. 1630)
Résumé
This thesis examines the processes involved in visualising the Alps at the turn of the 16th and 17th centuries. Inhabited as much as fantasised about, the Alpine mountain territories were, at the dawn of this period, a difficult space to depict, given the environment that made the processes of depiction, particularly cartographic, so complex. However, this thesis proposes to analyse this difficulty not solely from a scholarly and technical angle, but rather from the premise that there are diverse and complex territorialities - in other words, human relationships - to territory. In the mountains, these are sometimes out of step with those of the plains and towns, which leads to see the Alps as a territory of marginality. The analysis focused of the western Alps allows to bring into dialogue the political and scholarly territorialities that differ according to the different sovereignties that are exercised. In this way, it shows how this marginality is sometimes exacerbated, sometimes used and trivialised by the various sovereign states in the Alps. This study begins by looking at the images that provided access to the Alps at the end of the 16th century, comparing the images of the Alps that existed in the 1590s with the cartographic work of Jean de Beins (1577-1651), the King's engineer geographer in Dauphiné, produced during the first decades of the 17th century. In the second stage, the analysis is devoted to the production of figurations, focusing on the intellectual tools that established a strong link between direct visual observation and the figuration of places; the material forms through which these visual representations were embodied and their hybridity, which constituted a standard; and the various actors involved in the production, from the prince who commissioned the work to the engineer who directed the operations, not forgetting the various anonymous local people. The thesis thus shows the multiple territorialities of the elites, often exogenous, who either seek to clarify the configurations of these territories that escape them, or interest them for the curiosities that they conceal. This research highlights how the cartographic and landscape representations of these mountain territories, by mediating them, give them meaning, and thus make them intelligible.
Cette thèse étudie les processus de visualisation des Alpes au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Espaces habités autant que fantasmés, les territoires de montagne alpins sont, au seuil de cette époque, un espace difficile à figurer compte tenu du milieu qui complexifie les procédés de figurations, notamment cartographiques. Toutefois, la thèse propose d’analyser cette difficulté non pas sous le seul angle savant et technique, mais part plutôt de la prémisse selon laquelle il existe des territorialités – autrement dit des rapports humains au territoire – diverses et complexes. En montagne, celles-ci se trouvent parfois en décalage avec celles des plaines et des villes, ce qui conduit à appréhender les Alpes comme un territoire de marginalités. L’analyse, portant sur les Alpes occidentales, permet de faire dialoguer des territorialités politiques et savantes qui diffèrent en fonction des différentes souverainetés qui s’exercent. De cette façon elle permet de voir comment cette marginalité est parfois exacerbée, parfois utilisée et banalisée par les différents États souverains dans les Alpes. Cette étude s’intéresse dans un premier temps aux images qui permettent d’entrer dans les Alpes à la fin du XVIe siècle, en mettant en regard les figurations des Alpes existantes dans les années 1590 et la production cartographique de Jean de Beins (1577 1651), ingénieur géographe du roi en Dauphiné, réalisée pendant les premières décennies du XVIIe siècle. Dans un second temps, l’analyse est consacrée à la fabrique des figurations, en s’intéressant à l’outillage intellectuel qui établit un lien fort entre l’observation visuelle directe et la figuration des lieux ; aux formes matérielles à travers lesquelles ces représentations visuelles s’incarnent et à leur hybridité qui constitue un standard ; aux différents acteurs qui participent de l’élaboration, du prince commanditaire à l’ingénieur qui dirige les opérations, en passant par les divers anonymes locaux. Dans un dernier temps, l’étude porte sur les différentes dimensions politique, géographique, et environnementale des Alpes que les figurations font apparaître. La thèse montre ainsi les multiples territorialités des élites, souvent exogènes, qui soit cherchent à clarifier les configurations de ces territoires qui leur échappent, soit les intéressent pour les curiosités qu’ils recèlent. Cette recherche met en évidence comment les figurations cartographiques et paysagères de ces territoires de montagne, en les médiatisant, leur donnent du sens, et les rendent ainsi intelligibles.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
|---|