La présente étude porte sur la place de l’iconographie tératologique dans l’image satirique à partir du xixe siècle, quand les monstres humains se manifestent aussi bien dans les spectacles forains que dans la culture médicale. La compréhension scientifique de la monstruosité connaît alors une mutation remarquable, en particulier avec les travaux de l’école rationaliste représentée par les naturalistes et zoologistes français Étienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Selon ces derniers, le monstre est un indice de la variabilité des espèces et, par conséquent, un témoignage du processus créateur de la nature. Cette normalisation du monstrueux accompagne sa prolifération dans la culture visuelle. Au début des années 1830, au moment où Isidore Geoffroy Saint-Hilaire publie son Traité de tératologie, se déploie un imaginaire littéraire et graphique qui, d’une part, humanise le monstre et, d’autre part, l’identifie en chaque individu. Les caricaturistes promeuvent le monstrueux comme une déformation expressive de la figure humaine qui sous-tend la satire des normes morales, sociales et artistiques.